“The golden age of grotesque” de Marilyn Manson : bienvenue dans le cabaret du Diable.

Après avoir achevé sa trilogie sur l’Antichrist avec fureur mais également sans convaincre les fans, Marilyn Manson fait une petite pause. Durant cette dernière, il vire le fidèle Twiggy Ramirez (remplacé par Tim Sköld) et signe la BO du “Resident Evil” de Paul W.S. Anderson. Son nouvel album paraît donc le 13 mai 2003, et pour cela, il s’est inspiré de différents courants : le grotesque, l’art dégénéré, Oscar Wilde, Peter Pan et l’expressionnisme allemand des années 20-30. Bref, il nous a fait du Manson tout craché. Mais il a aussi fait son meilleur album depuis “Antechrist Superstar“.

Le groupe en mode Grotesque. Une imagerie sobre et évocatrice.

L’intro “Thaeter” (pas de faute de frappe) ouvre la bal et nous invite lentement à pénétrer cet univers, un lever de rideau en somme. Suit le 1er single “This is the s**t” et dès les 1ères notes, on se dit que, effectivement, c’est quoi ce son ? Manson a aussi intégrer un flow hip-hop (influence Eminem, avec lequel il a sympathisé ?) et l’électro s’incruste aussi. Le refrain est appuyé par une guitare sale qui crache et décharge une sacré dose d’énergie. A peine remis de ce choc que “mOBSCENE” lui emboîte le pas. Riff d’intro furieux et couplet plus tranquille sauf que quand on arrive le refrain, nos oreilles tiltent : il a carrément pompé le refrain de “Be agressive” de Faith No More. Ou alors c’est un homamge. Bon, on lui accorde le bénéfice du doute et pis mieux vaut piller un groupe comme celui-ci plutôt que des tâcherons. Passons à “Doll-Dagga Buzz-Buzz Ziggety-Zag” (essayer de le dire 10 fois de suite en mangeant de la purée juste pour le fun) qui sonne un peu plus pop mais qui est loin d’être désagréable. Le son est toujours aussi crachotant et Manson s’amuse avec sa voix. Place à un titre qui renoue avec la verve contestataire du bonhomme : “Use your fist and not your mouth“. Les paroles prennent le dessus sur la musique, toujours énergique. Mais histoire de casser le rythme, Manson place par la suite une piste qui tranche clairement avec tout ce qu’il a fait avant. Et atteint un niveau de perfection absolu.

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The golden age of grotesque” est donc un morceau très étrange dans lequel il déploie des capacités vocales innatendues et la musique illustre parfaitement le concept de l’album avec ce petit piano en fond et une plus grande importance accordée à la batterie. Pas le temps de se remettre du choc qu’on enchaîne avec “(s)AINT” qui renoue avec une veine plus rock. Puis c’est “Ka-Boom Ka-Boom“, avec sa rythmique lourde et ses paroles provocantes. “Slutgarden” est plus orienté vers le cul au niveau des textes et la guitare de John 5 rampe en fond pour un résultat assez agréable. Puis c’est “Spade” et son break monumental. Après ces titres assez basiques, Manson nous réserve encore quelques surprises. Coquin va !

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Para-noir” est un pur morceau expérimental qui débute par une succession d’enregistrements de voix féminines qui répondent à une question posée par l’artiste à des centaines de femmes : Pourquoi coucherais-tu avec moi ? L’ambiance du morceau est assez glauque et fait appel aux synthés de Gacy. Et là, en plein milieu du morceau, on a droit à un riff assez.. disons unique. En effet, afin d’obtenir ce son, Manson a fait son guitariste sur une guitare désaccordée le tout les yeux bandés. John 5 s’en sort tout de même avec les honneurs. “The bright new thing” lui fait suite et mêle encore le flow rap, les paroles incendiaires et un son métal très puissant. Puis c’est “Better of two evils“, là encore très métalleux et assez puissant. “Vodevil” commence par une petite intro au piano, les synthés de Gacy puis la voix sournoise de Manson débarque. Le refrain est violent et frappe fort. On conclut avec l’instru “Obsequey (The death of art)” qui répond à l’intro. Le rideau se baisse, merci d’être venu. Enfin, il y a un rappel avec “Tainted love“, reprise de Gloria Jones, et qui a été faite pour le film “Not another teen movie” (sortit en France sous le titre assez couillon de “Sex academy”) et qui proposait des reprises de titres des années 80 par de multiples groupes. Cette reprise est assez réussie et nous offre un moment de pur fun.

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Au final, Marilyn Manson a tué le père (Trent Reznor) avec cet album en imposant sa patte, enregistrant un album sombre et puissant, avec des textes aboutis (la plupart du temps) et des musiques novatrices, n’hésitant pas à prendre des risques. Pour conserver une certaine spontanéité, il limitait le nombre de prises (2-3 maxi) afin de conserver quelques défauts. Et quand les costards-cravates de la maison de disques venaient lui demander où il en était, il leur envoyait une bande-démo de 30 minutes composée des réponses des femmes qu’il avait intérrogé pour le titre “Para-Noir“. Bref, là encore, du plus pur style Manson. Depuis, il n’a pas renoué avec cette veine expérimentale et s’est enfermé dans une caricature grotesque de son double scénique. L’album suivant renouera avec une veine plus pop et rendra hommage à son auteur préféré, Lewis Carroll (il l’a fait tout seul avec Tim Sköld). Profitons-donc de cet album, car on est pas prêt d’entendre ça à nouveau, ni par lui, ni par d’autres.

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