B.O de “Shutter Island” : quand Scorsese s’inspire de Kubrick.

Ils sont rares les cinéastes à se passer des services d’un compositeur et de faire leur B.O à partir de titres existants. Il y a bien sûr Quentin Tarantino (qui affirme que les morceaux qu’il utilise sont les meilleurs du monde alors à quoi bon s’enquiquiner à aller chercher un compositeur), il y avait Stanley Kubrick, pour qui aucun des compositeurs en activité à son époque ne pouvait rivaliser avec les Strauss, Haendel et autres Beethoven. Et puis il y a Martin Scorsese qui parsème ses BOs de standards pop et rock des 60-70’s en utilisant avec parcimonie l’apport de compositeurs classiques. Sur son dernier film, il n’a utilisé aucune composition originale.

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Avec son fidèle collaborateur Robbie Robertson, il a sélectionné de nombreux morceaux de musique classique contemporaine dont les noms ne tinteront aux oreilles que des connaisseurs. Parmi eux, citons Krzysztof Penderecki, John Cage ou encore Morton Feldman. On commence par la scène d’intro avec le morceau “Fog stropes” qui pose bien l’atmosphère inquiétante du film qui enchaîne avec le monstrueux “Symphony N°3 : Passacaglia“. Les morceaux sont très longs et font la part belle aux cordes stridentes (comme “Lontano“), prolongeant avec bonheur l’ambiance étouffante du film dans votre salon (en fait n’importe quel endroit où vous écoutez de la musique).

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On trouve aussi de vieux morceaux de jazz tel que le “Cry” de Johnnie Ray ou encore “Tomorrow night” de Lonnie Johnson. La B.O du film tient sur 2 galettes bien pleines où se succèdent les morceaux, avec une belle fluidité. On y trouve aussi des pistes qui tiennent plus du sample ou qui font plus office de morceau d’ambiance. A noter aussi le magnifique solo de violon “On the nature of daylight” de Max Richter dont la pureté fera à coup sûr monter une petite larme au coin de l’œil. Robbie Robertson le reprendra en sample et y accolera la voix de Dinah Washington, aka “The Queen of the Blues“, issue du morceau “This bitter earth” pour un résultat absolument sidérant.

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Il en résulte une B.O très riche et variée, magnifique par instants, vraiment inquiétante par d’autres, restituant à la perfection l’atmosphère du thriller mental de Martin Scorsese. Elle nous convie à un voyage entraînant dont on ressort un peu chamboulé. Un pur bonheur musical, qui ne dépareille pas, loin de là, avec les autres B.O du Maître.

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