Bob Dylan a récemment reçu le Prix Nobel de littérature. Récompense en forme d’hommage pour un artiste souvent loué pour la qualité de ses textes, symbole de récompenses qui se peopolise pour les autres (comme le prix Nobel de la Paix pour Obama quelques mois après son élection), cette distinction a suscitée moult débats, comme c’est désormais toujours le cas avec une récompense mondialement reconnue (cela permet ainsi à certains “inconnus” de se révéler en se payant le portrait de quelqu’un de plus connu qu’eux). De mon côté, j’y trouve là l’occasion de parler de sa participation à l’un des plus grands films d’un des plus grands réalisateurs des 70’s, Sam Peckinpah.
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L’extrait permet aussi d’apprécier toute la qualité du découpage de Peckinpah dans le gunfight et dans la gestion de l’émotion mais aussi la superbe photo de John Coquillon.
Pour son film “Pat Garrett et Billy the Kid”, Peckinpah engage le chanteur Kris Kristofferson dans le rôle du Kid. Chanteur de son état, Kristofferson côtoie le temps de quelques scènes une autre légende contemporaine de cet art, Bob Dylan. Un peu à l’écart des caméras à cette époque, le chanteur folk est inclus sur le projet et se voit même charger d’écrire quelques titres pour la BO, au grand dam de Jerry Fielding, le compositeur attitré de Peckinpah. Le résultat de cette collaboration donne à l’écran un Dylan dans la peau d’un personnage nommé Alias dans les crédits mais qui évolue dans le film tel un fantôme, sans passé, presque sans paroles, énigmatique… à l’image de son insaisissable interprète. Quant à sa BO, je retiens essentiellement un titre parmi d’autres, surtout parce qu’il accompagne une scène magnifique.
“Knockin’ on Heaven’s door” n’est sans doute pas la plus grande chanson de Dylan mais elle est sublimée par les images et la puissance émotionnelle de la scène qu’elle illustre : la mort d’un ami de Pat Garrett. Une scène qui m’a marqué dès son visionnage, un moment de grâce cinématographique exceptionnel, qui rehausse l’image et lui donnant une dimension encore plus mystique, avec ce ciel orangé magnifique et cette composition d’image picturale. Les paroles de Dylan remplacent les dialogues du film, qui en deviennent presque futiles. Tout est dit à travers les images d’un côté et la musique de l’autre. Cette symbiose est rare et cette rencontre entre deux des artistes les plus anticonformistes de ce siècle en devient magnifique.
Par la suite, le titre de Dylan s’affranchira du film, repris un peu partout par une multitude d’artistes. Et avec la multiplication des télé-crochets, il est rare de ne pas voir une seule saison qui ne comporte pas au moins une reprise de ce tube. Pour ma part, je l’ai entendu lors de mes vacances aux Baléares, reprise par un jeune guitariste d’origine brésilienne officiant dans un ranch-restaurant. Une reprise guitare-voix (légèrement éraillée pour plus d’effet auprès des demoiselles) toute simple mais bigrement efficace. Un tube immortel mais qu’il est bon de relacer dans son contexte d’origine, avec les images exceptionnelles d’un film magnifique à (re)découvrir.
Loïck
Bravo Monsieur Dylan pour ce titre !!
Une légende ce Knock-knock-knockin’ on heaven’s door, hey hey hey hey yeah