The Runaways, the Queens of Noise

The Runaways - © D.R

C’est vers  la fin de l’année 1975 que Joan Jett et Sandy West présentées l’une à l’autre par Kim Fowley, se rencontrent.

Joan Jett a déjà éclusé pas mal de rock clubs des environs de Los Angeles, intronisée par Suzy Quattro, à qui elle vouait une admiration telle qu’elle lui empruntera sa  coupe de cheveux (shag cut), ses platform boots et quelques riffs. C’est net, elle fera du rock.

Sandy West, à qui Grand Papa a offert une petite batterie quand elle avait 9 ans se montre rapidement aussi talentueuse qu’ambitieuse. Fan de rock 60’s et 70’s, elle se fait la main.

The Runaways - © D.R

Sa rencontre avec Joan Jett la conforte dans son choix, qui s’impose ainsi comme une évidence : elles montent un groupe. Kim Fowley leur prête main forte, non seulement pour recruter le reste du line up, mais aussi dans la composition de chansons, et, d’une certaine façon, à forger l’identité du groupe.

C’est lui qui fera passer les auditions à pas mal de jeunes filles, rencontrées dans les spots rock, Jackie Fox,  Lita Ford, petit prodige de la guitare et Cherrie Currie, repérée au Sugar Shack, boite de nuit pour ado, chanteuse des 2 premiers albums.

Joan Jett, Lita Ford, Sandy West, Jackie Fox et Cherrie Currie démarrent donc les répètes, les compos, entament des concerts et des tournées plus ou moins calamiteuses, sous le haut commandement de  Kim Fowley, à distance. Elles ont entre 16 et 17 ans.

Les Runaways signent en 1976, leur premier album, au nom éponyme.  C’est l’album du début, un album teen rageur, où les effets de voix de Cherrie Currie, dont l’hymne éclate comme une “ch-ch-ch-CHERRY BOMB” donnent carrément le ton, petite fille un peu punk à l’instar de Polly Stirene, version blonde platine et maigrelette.

Les riffs sont tantôt blues “You drive me Wild”, tantôt glam, la batterie tape, tape parfaite et claire sur “Lovers”. S’ensuit une tournée aux Etats-Unis, en support band de Tom Petty and the Heartbreakers ou Van Halen.

C’est  avec leur second album qu’elles s’envolent pour une tournée mondiale : Queens of Noise s’impose comme un postulat, truffé de morceaux qui fleurent bon le retour de scène, avec le terrible “I love playing with fire” qu’il faut A-B-S-O-L-U-M-E-N-T écouter à fond parce que c’est ma préférée, ou le dément “Neon Angels on the Road to Ruin”.

Tout naturellement, elles s’inscrivent dans la lignée bénite de la scène punk émergente et rivalisent en toute légitimité avec des groupes américains comme Ramones, Blondie, The Dead Boys, mais aussi de la scène britannique, Génération X ou The Damned.

1977, c’est le Japon. Elles se prennent une explosion de célébrité atomique, en pleine poire, à laquelle les “gamines” ne sont cependant pas préparées. L’ainée de la bande à 18 ans à peine. L’âge où la plupart des petites américaines est sur le point de tomber amoureuse de John Travolta.

Elles sont adulées par la jeunesse nippone qui les prend d’assaut à l’aéroport, déclenchant une totale Beatlemania : émissions spéciales à la télé japonaise, interviews, tous leurs concerts se donnent à guichets fermés.

Puis, Jetlag, alcool, perte de repères, trop de drogues, ça clashe. Cherrie Currie, poussée par Kim Fowley, s’est prêtée quelques semaines plus tôt à un reportage photo, qui la met en avant, en mode PinUp, ignorant ses copines. Lita Ford est fumace. Joan Jett dépitée.

Cherrie Currie qui a maintenant sombré dans l’enfer de l’addiction aux drogues, quitte le groupe.

Joan Jett - © D.R

Fowley dégage en 78. Restent Joan, Sandy et Lita, rejointes à la basse d’abord par Vicky Blue, qui avait remplacé Jacky Fox, puis Laurie McAllister. Les « petites filles perdues », s’entêtent et le rock est toujours là, puissant, vorace, féministe. Les paroles parlent toujours de liberté de boire ou cramer sa vie, d’amour qui manque ou qui fatigue, ou des raisons pour lesquelles elles ne sont pas restées à l’école, comme une gentille jeune fille… Elles sortent entre 78 et 80, 3 albums et une compile “Waitin’ for the night” (à écouter d’urgence), “And now… The Runaways », puis « Little Lost Girls » Les dissensions artistiques s’installent, Jett veut faire du punk/glam rock tandis que West et Ford veulent du Heavy.

Split.

Chacune se lance dans un projet musical dictinct, et bénéficie des années Runaways. Les Runaways influenceront de nombreux groupes tout au long des années et encore de nos jours, elles ont des filles naturelles, L7, The Donnas, Girlshool, les Plasticines.

Cherrie Currie, aura entre temps fait une cure de désintox et un album avec sa sœur jumelle, Mary, produit par…Kim Fowley. Quelques sculptures à la tronçonneuse plus tard, elle publie ses mémoires, « Neon Angel, Memoirs of a Runaway », préfacé par Joan Jett herself. Elle relate son expérience au sein des Runaways, le premier groupe exclusivement féminin de l’histoire du Rock, sa descente aux enfers et son combat contre l’héroïne.

Affiche du film "The Runaways"

En filigrane, sa relation avec Joan Jett se dévoile tout au long du livre, là, discrète ou explicite, amicale et sincère. Cette histoire a inspiré la réalisatrice Floria Sigismondi, qui décide en 2010 d’en faire un film, “The Runaways”, produit par…Joan Jett, herself… Le film, on le comprendra, parle surtout du tandem Currie/Jett, et bien que romancé à la sauce teen rebel, reste cinglant de vérité, touchant.

Floria Sigismondi n’y est pas étrangère, la dame sait comment mettre en image les rockeurs, elle a réalisé pas mal de clips de Marilyn Manson à John Spencer Blues Explosion, The Raconteurs, Martina Topley Bird, Björk, Incubus…

Ne vivez jamais sans musique
by Bea Fal.

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