The Wall : album-concept avant d’être une B.O.

Nous sommes le 6 juillet 1977, au stade Olympique de Montréal et les Pink Floyd joue à guichets fermés devant 80 000 personnes. Le public est bouillant et siffle chaque chanson du groupe. Roger Waters, le bassiste, est passablement agacé par cette attitude bien ingrate et irrespectueuse. Il se dirige alors vers un spectateur du 1er rang et il lui crache au visage. Scandale qui l’amène à se poser de profondes questions sur son art, sur ce qu’il est, ce qu’il représente. De cet incident, fâcheux pour le spectateur, il en tirera un double-album et un film réalisé par Alan Parker.

Affiche du film "The Wall" d'Alan Parker

Il se lance à corps perdu dans la composition de morceaux qui tenteront de retracer son parcours, de réfléchir à ce qui l’a conduit à commettre cet acte irraisonné et sur son statut de rock-star. A l’écart du groupe, il compose et écrit. L’album sort en 1979 (le 30 novembre au Royaume-Uni). Il compte 2 disques de 2 faces (et oui, le temps des vinyles), chacune comportant 6 pistes. Le style poursuit les expérimentations et les ambiances sonores de “Wish you were here” et “The Dark side of the moon”.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=gs3lQVyZPVg[/youtube]

Auteur-compositeur de quasiment toutes les chansons (à l’exception de 5 titres), Roger Waters nous offre un monument du rock. Guitares électriques et électrisantes (“In The Flesh”, “Young Lust”, “Hey you”, “Run like Hell”), morceaux lyriques (“The Trial”, “Bring the boys back home”), ballades sombres et mélancoliques (“The Thin Ice” “Mother”, “Goodbye blue sky”), grandiloquence, subversion … Bref, une compilation de la carrière du groupe, un opéra-rock démentiel porté par un des plus gros tubes de tous les temps :  “Another brick in the wall Part II“, morceau célebrissime qui sera repris par bon nombre d’artistes.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=M_bvT-DGcWw[/youtube]

Pour assurer la partie musicale, Waters fera appel à ses potes du groupe : David Gilmour, Nick Mason (guitariste et co-compositeur de 4 titres de l’album), (le batteur) et Richard Wright (claviers) mais aussi, pour la partie orchéstrale, à Michael Kamen, compositeur de cinéma qui avait déjà collaboré avec David Bowie et dont on vous a déjà parlé içi . Son influence se sent surtout dans les morceaux qui font largement appel aux instruments plus classiques (il est un des rares à avoir si bien fusionné rock et classique) tel que “The Trial”.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=211jT7-fj7E[/youtube]

Le film peut-être vu comme une succession de clips illustrant les chansons mais il est aussi la matérialisation des obsessions de Roger Waters, la projection enflammée de ses délires, l’illustration de ce qui le ronge à l’intérieur et une mise en images (et en abimes) de sa personnalité.

L’album et le film devaient être accompagné d’une tournée mettant en scène le groupe jouant derrière un mur (sans doute pour éviter tout risque de projections salivaires intempestives) mais elle n’aura jamais lieue sous cette forme.

2 commentaires Ajoutez les votres
  1. J’aurais plutôt cité Bob Ezrin pour les orchestration mais bon !
    Il est à noter que l’album est un concept multimedia dès le départ avec un disque, une série de spectacle puis un long métrage. La réalisation est confiée à Alan Parker mais uniquement pour ce qui est de la partie “technique”. La réalisation elle-même (la mise en image du tout quoi !) est bien signée Roger Waters et Gerald Scarfe pour les magnifiques parties animées !
    :-))

    [L’histoire raconte qu’en 78 quand Pink Floyd arrive en studio pour l’album suivant, tout le monde arrive les mains dans les poches et personne n’a rien préparé. Sauf Waters qui débarque avec une pré-maquette complète de The Wall (sauf les morceaux de Gilmour, bien sûr !) et un autre album, The pros and cons of hitch hiking qui sera en 1984 son premier album solo après qu’il ait quitté le groupe, on comprend pourquoi ! :-)) ].

  2. Oui, c’est vrai, j’ai omis de citer Bob Ezrin ou encore Gérald Scarfe en ce qui concernent les séquences animées film et je m’en excuse car ces dernières contribuent vraiment pour beaucoup à la majesté du film (même s’il est plus question içi de l’album, que le film reprendra 3 ans plus tard, surtout afin de satisfaire les fans)

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